Le dolmen de Purifaing dans le massif du Petit Fossard.

Le dolmen de Purifaing

Le dolmen comme les pierres levées sont situés sur le territoire de la commune de Saint-Étienne-lès-Remiremont (Lorraine ; Vosges), dans le massif mystérieux du Fossard et même plus précisément dans celui dit du « Petit Fossard » et qui abrite de nombreux vestiges.

Le dolmen dit de Purifaing est sans doute le vestige le plus important et le mieux conservé du massif, si toute fois il est bel est bien un dolmen. Il n’est pas indiqué par le Club Vosgien et n’est pas sujet à un quelconque classement.

Les dolmens sont des sépultures érigées par les Hommes du néolithique pour une ou plusieurs personnes issues d’un rang élevé, à l’origine, il devait alors être recouvert de terre pour former une petite bute. Avec l’érosion, seul son « squelette », c’est-à-dire les pierres qui ont servi à construire la chambre mortuaire, est visible aujourd’hui. C’est même une chance qu’il ait pu être conservé malgré la construction de fermes, comme « la Grange Mougin » dont les ruines sont visibles à une centaine de mètres seulement du site mégalithique et pour laquelle il aurait pu servir de pierres de réemploi, comme cela est très fréquemment arrivé aux vestiges archéologiques de la région.

Sa construction à flanc de montagne est plutôt inhabituelle, du fait que ces « dernières demeures » de ces personnalités de l’époque devaient être visibles de loin pour affirmer leurs puissances. Ils étaient donc plutôt érigés sur des plateaux, des hauteurs ou en plaine. Ceci dit, le massif du Fossard ne devait pas être à cette époque entouré de son actuel couvert forestier, mais devait faire place aux premières pratiques agricoles qui s’exerçaient sur les hauteurs des montagnes afin d’échapper aux vallées trop marécageuses.

Le dolmen en question ne semble pas avoir été fouillé et les textes anciens et sérieux à son sujet font défaut. Selon certains il aurait été érigé au IIIe millénaire av. J.-C. La tradition locale en fait une demeure des fées, qui manifestaient leur bienfaisance et leur protection aux habitants des environs et même surtout dans la vallée de la Cleurie.

Mais pour l’archéologue Charles Kraemer, président de la Société d’Émulation des Vosges, spécialiste de l’architecture médiévale, pense qu’il ne s’agit pas d’un dolmen mais plus d’un abri qui servit pour des bucherons, des charbonniers, des gardiens de troupeaux ou autre qui ont utilisé des pierres de carrière. Si c’est effectivement le cas il semblerait être unique en son genre, car il ne ressemble à aucun autre abri forestier ou agricole comme on peut en retrouver partout dans les Vosges. Ceux-ci laissent bien souvent des vestiges de base de mur construit en moellons de pierres. Ils étaient assez hauts pour abriter une ou plusieurs personnes, et recouverts d’un toit en chaume ou en essis (tuiles en bois) et se trouvaient principalement dans des solitudes. Notre abri est situé à une centaine de mètres d’une ferme et a quand même toutes les caractéristiques étranges qui le font ressembler à un dolmen, avec une chambre rase-motte (il faut ramper pour entrer à l’intérieur), de grandes dalles et un physique primitif. Mais comme bien souvent chaque spécialiste voit avec sa spécialité, nous amenant à ses nombreux débats de désaccord entre chercheurs… Seule une étude plus poussée sur ce monument nous apporterait peut-être des réponses.

Ci-dessus : des abris traditionnels montagnards vosgiens. On les trouve le plus souvent en ruines, mais les murs sont toujours réalisés en pierres équarries. Si le dolmen de Purifaing n’est effectivement pas un dolmen, alors son architecture est unique !

Du fait de sa construction à flanc de montagne, sa façade Nord-Est est encastrée dans la terre tandis que son flanc Sud-Ouest est dégagé. Le dolmen a une longueur d’environ 2,80 m pour une hauteur de 1,70 m. A l’intérieur de la chambre sa longueur est de 2 m pour une hauteur d’environ 70 cm. L’entrée du dolmen, côté Nord-Ouest est quant à elle d’une largeur d’environ 80 cm pour 70 de hauteur. Sur la plus grande dalle sommitale, du côté Est, sont gravés plusieurs symboles faisant penser à une chaussure, (1), une pointe de flèche (2) en forme de plume et une sorte d’enclume ou de verre à pied qui rappelle la forme d’une selle de vélo (3). Plus loin se dessine plus discrètement un petit cercle (4) qui est peut-être d’origine naturelle. Ces gravures sont assez érodées pour dire qu’elles datent au moins du début du XXe siècle. D’autres gravures similaires sont présentes dans divers sites du massif vosgien, notamment sur la Roche des Fées de Saint-Dié où les dates de 1555, de 1774 et d’autres du XIXe siècles, permettent de comprendre à quelles périodes le site fut fréquenté. Les gravures du dolmen datent-elles de ces mêmes époques ? Près de l’entrée se trouve une autre marque assez profonde, une sorte de mortaise, comme si l’entrée du dolmen avait été fermée par une porte.

Gravures sur une dalle sommitale du dolmen de Purifaing.

Les pierres levées du Moury

Plus au nord, sur la hauteur dite « le Moury », se trouvent des pierres levées qui étaient encore indiquées sur les cartes IGN de 2010 sous le nom de « les menhirs ». Mais en sont-ils vraiment ? Mieux vaut être vigilant et rester dans le doute, tant qu’encore une fois une étude plus poussée ne sera réalisée.

Les deux premiers, situés un peu en contre-bas d’une pente légère au bord d’une piste, se présentent encore debout pour l’un et couché pour l’autre. Celui encore debout a une hauteur de 93 centimètres tandis que celui couché est long de 1,20 m. A quelques mètres de là, un peu plus haut sur le plateau, se trouve une troisième pierre levée qui, comme certains aiment à le faire remarquer, ressemble à la Pierre Kerlinquin (grande pierre de 8 m naturellement levée du massif du Fossard et qui serait considérée par certain comme un ancien lieu de culte) mais en miniature, car celui-ci ne dépasse pas les 1,20 m.

La « mini Pierre Kerlinquin »

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Texte et photos :

Jean-Michaël CHOSEROT (photos réalisées en août 2021 et 2022).

Sources / Bibliographies :

Anonyme. Lorraine terre de fées. [En ligne], Sillon Lorrain, Limédia galeries, 2021, (consulté le 25/05/21). URL : https://galeries.limedia.fr/cartes/les-fees/

Anonyme. Lieux insolites en France ou ailleurs, « Le dolmen de Purifaing ». [En ligne], 22/11/08, mise à jour le 23/02/15, (consulté le 10/08/22). URL : https://www.lieux-insolites.fr/vosges/purifaing/purifaing.htm.

Anonyme. Lunetoile.com, Mysthères, légendes et curiosités, « Menhirs du Fossard – Eloyes (88) ». [En ligne], (consulté le 10/08/22). URL : https://www.lunetoile.com/2019/03/29/menhirs-du-fossard-eloyes-88/.

Anonyme. Vosges Matin, « Savez-vous où l’on peut trouver un dolmen dans les environs de Remiremont ? ». [En ligne], 08/09/21, (consulté le 10/08/22). URL : https://www.vosgesmatin.fr/culture-loisirs/2021/09/08/savez-vous-ou-l-on-peut-trouver-un-dolmen-dans-les-environs-de-remiremont.

KRAEMER, Charles. Archéologue et président de la Société d’Émulation des Vosges, (témoignage), 2022.