Aux origines des célébrations du Printemps — 20 mars 2021

Aux origines des célébrations du Printemps

  • Ostara dans la tradition germanique, avec les variables d’Ostere pour les francs et les alamans et Eoster pour les angles et les saxons
  • Alban Eilir dans la tradition druidique
  • Hilaria dans la tradition latine
  • Pâques dans la tradition judéo-chrétienne

Le temps du renouveau

L’équinoxe de printemps et Ostara formeraient deux fêtes païennes du printemps qui se dérouleraient donc en deux parties. La première a lieu vers le 21 mars au moment de l’équinoxe, quand le jour et la nuit ont la même durée. La lumière l’emporte sur les ténèbres de l’hiver. C’est la fête de l’équinoxe de printemps que les druidisants nomment Alban Eilir, une fête de nature solaire et virile. La seconde, Ostara ou Pâques, est au contraire une fête lunaire est donc féminine. C’est également pour cette raison qu’elle n’a pas une date fixe. Les deux fêtes sont similaires et se confondent, si bien qu’elles sont souvent fêtées en même temps dans les communautés païennes. Était-ce aussi le cas autrefois ? Car aujourd’hui il y a bien confusion… Ce qui fait débat entre autres est que le soleil masculin et la lune féminine concernent la tradition druidique. Chez les germains, le soleil est personnifié par les déesses Sunna, et la lune serait de type masculin avec le dieu Mani. L’équinoxe marque l’égalité entre la lune et le soleil, entre le masculin et le féminin. C’est l’équilibre parfait des deux. De plus, les religions païennes sont des religions non arbitraires, il n’y avait pas une mais des façons de faire selon les pays, les régions. À cela s’ajoute l’assimilation des coutumes : on voit en effet un métissage des croyances celtiques et romaines après la Guerre des Gaules. Ainsi les célèbres cavaliers à l’anguipèdes, croyance principale du nord-est de la Gaule, représentaient le dieu romain Jupiter avec des attributs du dieu celte Taranis. Il en a donc été de même avec les fêtes. La célébration de l’équinoxe celtique, dont on a certainement perdu le nom, a dû se fondre avec la fête romaine d’Hilaria qui se pratiquait en même temps, puis avec Ostara lors de l’arrivée des germains. Il n’y a donc pas vraiment de mal à fêter ces deux fêtes en même temps ou séparément à partir du moment ou l’on connait l’histoire de chacune et que l’on fait en connaissance de cause.

En ces temps de renaissance, on célèbre le réveil de la nature, de la terre fertile, des fleurs qui surgissent des bourgeons, de la pluie et du vent qui vivifient le temps de l’éclosion. On y consacrait le culte d’une déesse de la fertilité nommée Ostara, qui donna son nom à la fête. Très ancienne, elle serait issue de la culture indo-européenne. Elle était également connue sous le nom d’Eostre chez les angles et les saxons ou encore d’Ostere chez les alamans et les francs.

À l’équinoxe, on se consacrait au culte de Tiwaz, dieu germanique qui célèbre la victoire cyclique des forces solaires sur l’obscurité hivernale, ainsi que Balder le dieu de la lumière solaire. Il y avait également le culte de Bel, dieu celte du soleil, mais aussi de Gaïa, Déméter, Apollon et Cybèle pour les romains et gallo-romains dont la fête portait le nom d’Hilaria.

À l’époque, on allumait des feux à l’aube pour symboliser le renouveau de la vie et la protection des récoltes. C’était le temps d’agir et de s’occuper des plantations et des plantes en général. On raconte que la déesse, sortie de son sommeil, enveloppe la terre de fertilité. Un jeune dieu, qui possède de nombreux noms mais qu’on appelle souvent l’Homme Vert, gagne en maturité et parcourt les prairies verdoyantes qui émanent de son souffle. Il est le gardien des plantes qui poussent ainsi que des animaux.

Les rites en ces temps devaient tous être une célébration des forces de fertilité et de fécondité, car c’est bien en cette saison que la terre doit être fécondée afin que neuf mois plus tard puisse renaître le soleil au moment du solstice d’hiver.

Dans le haut Moyen âge, l’Église chrétienne, soucieuse d’en finir avec les cultes païens, remplace la fête d’Hilaria par l’annonciation (vers le 25 mars). Lors de cette fête, les babyloniens, les grecs et les romains célébraient Cybèle, une déesse mère qui aurait enfanté un messie. Quelle meilleure moment donc pour à la fois dater l’annonciation et remplacer la déesse par la vierge Marie et rapprocher par la même occasion le messie païen à Jésus. Ostara quant à elle, si on la dissocie de l’équinoxe, est remplacée par la célébration de Pâques. Certains aspects de la Pâque chrétienne reprennent d’ailleurs des éléments de la fête d’Ostara, comme notamment les cloches que l’on sonne pour provoquer le réveil de la nature. De la même façon que la lumière vainc les ténèbres, le jour chasse les mauvaises influences et les bannit.

Des symboles encore bien vivants

Que serait la fête de Pâques sans les cloches, le lièvre de mars ou lapin de Pâques ou encore les œufs en chocolat ? Ces symboles ne datent pas d’hier, nous venons justement de le voir pour la symbolique des cloches.

Pour le Lapin ou Lièvre, il s’agit d’un ancien symbole de la Lune. Il représente le renouvellement de la fertilité de la Terre, c’est pourquoi cet animal sacré était toujours en compagnie d’Ostara.

La symbolique de l’œuf est quant à elle très chargée. En effet, il détient en lui la genèse du monde, il est une réalité primordiale qui contient en germe la différenciation des êtres. Il était de coutume pendant l’équinoxe d’offrir des œufs à la déesse. Si aujourd’hui la méthode a changé, le principe reste le même, car en effet on offre toujours des œufs, simplement ils sont maintenant en chocolat et nous les offrons pour le plaisirs des petits, mais aussi des grands !

À vos assiettes  !

Si le chocolat fait plaisir, on peut aussi déguster les graines germées, les légumes et fruits de saison, les prémices des futures récoltes, sans oublier les fleurs comestibles. En effet, ces dernières reviennent au goût du jour, car en plus de décorer l’assiette, elles parfument les aliments. Elles peuvent être cueillies dans la nature ou dans le jardin. Attention toutefois à ne pas cueillir de fleurs toxiques !

Voici quelques idées de fleurs comestibles : la violette, la lavande, la rose, la fleur de courgettes, le bouton de capucine, le géranium, la primevère, le bleuet, la jacinthe, le pissenlit, le lilas et la pensée.


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Photos et texte :

Christelle NAETS et Jean-Michaël CHOSEROT.

Sources / bibliographie :

SAUVÉ Léopold-François, Le Folk-lore des Hautes-Vosges, [1888], réédité dans la Série « Les littératures populaires de toutes les nations », tome XXIX, G.P. Misonneuve &Larose Éditeurs, Paris, 1967, 416 p. Et présenté par FISCHER Gérard et Marie-Thérèse, Floklore des Vosges, sorcellerie, croyances et coutumes populaires, Éditions Jean-Pierre Gyss, 1984, 242 p.

RAGACHE, Gilles. Mythres et légendes – Les Vikings. Hachette, (Paris, France), 1990.

BRASEY, Édouard. La Petite Encyclopédie du Merveilleux, « Lapin » et « Lièvre » (p. 232). Éditions Le Pré aux Clercs, 2015, 432 p.

GUILLEMOT, Michel, et BLUMEL, Bethsabée (Dir.). Le Petit Larousse des Symboles, « Lapin-Lièvre », (p. 374 et 375) et « Œuf », (p. 451 et 452). Larousse, 2019, d’après une réédition de 2006, 674 p.

CONNOR, Kerri. Ostara – Rituels, recettes et traditions de l’Equinoxe de Printemps. Éditions Danaé, 2018.

Alaudan. Les fêtes celtiques. [En ligne], Druidisme dans les Vosges, Lorraine, consulté le 08/03/2020. Disponible sur : http://www.vogesos.fr/152450404.

Anonyme. L’origine des fêtes. Assemblée Évangélique « La Bonne Nouvelle », consulté le 19/03/2021. Disponible sur : http://bn48.chez.com/fetes.htm.

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