
- Yule ou Midwinter pour les germains
- Noïohel en gaulois
- Alban Arthan dans la culture néodruidique
- Sol Invictus dans la tradition latine
Cette fête appelée également Yule (« Jól » en vieux norrois signifiant « roue ») ou Midwinter (milieu de l’hiver) par les germains, Noïohel (nouveau soleil) par les gaulois ou encore Alban Arthan (Lumière d’Arthur ou de la Grande Ourse) dans la tradition néo-celtique, et la tradition du Sol Invictus (le soleil ivaincu), est l’une des grandes fêtes du paganisme que l’on retrouve donc aussi bien dans la mythologie germano-nordique que dans les mythologies celtique et latine.
On célèbre à cette occasion le solstice d’hiver, où la nuit est la plus longue de l’année, précédant la « naissance du nouveau Soleil qui illuminera la Terre ». Pour les celtes, c’est l’occasion de vénérer le dieu solaire Belenos, qui par ailleurs donna certainement son nom aux « ballons des Vosges » où l’on retrouve de nombreuses traces d’un culte qui lui était dédié. Quant aux germains et scandinaves, c’était le dieu Wotan/Wodden, appelé également Odin, qui était particulièrement vénéré en ce jour, et qui laissa de nombreuses traces un peu partout en Lorraine et en Alsace. Se présentant comme un sage à la barbe blanche, il distribue ses bienfaits pour le solstice d’hiver. Il se fait alors appeler Jólnir qui se traduit par « celui de Noël » ou « père Noël ». Il sera ainsi l’inspiration même du Saint-Nicolas qui donnera ensuite naissance au Père Noël que nous connaissons aujourd’hui.

Cette célébration permettait de fêter la fin de la période sombre gouvernée par le houx (à l’instar de la période claire gouvernée par le chêne) et ainsi le retour du rallongement des journées.
Afin de remplacer les cultes païens, l’empereur romain Constantin décida de placer la naissance de Jésus à la date du 25 décembre. La fête fut donc reprise par les chrétiens et prit alors le nom actuel de Noël.
Des symboles survivants
Il existe de très nombreux symboles de Noël issus des pratiques païennes que l’on utilise encore aujourd’hui.
Parmi eux, on pense d’abord au sapin de Noël, un des symboles, si ce n’est LE symbole le plus ancien de cette fête. Il trouve ses origines dans les cultures païennes. La symbolique de l’arbre comme image de la vie et de la renaissance est aussi répandue qu’ancienne. Et puis, quoi de plus important que le sapin comme symbole de résistance et de prospérité, avec ses feuilles qui restent vertes et survivent à l’hiver ? De plus, chez les Celtes, l’épicéa, autre conifère, était considéré comme « l’arbre de l’enfantement ».

En ces temps anciens, les sapins étaient notamment décorés de fruits, comme des pommes symbolisant la prospérité. Mais la nourriture se faisant rare en hiver, l’idée de remplacer les fruits par d’autres décorations dont les célèbres boules de Noël appelées « Kugel », est née en Lorraine et plus particulièrement en Moselle au cours du XIXe siècle.

Le sapin fut ensuite repris par le christianisme. Saint Colomban, moine irlandais qui a évangélisé les Vosges et a fondé un monastère à Luxeuil en 590, aurait un soir de Noël emmené quelques religieux au sommet d’une montagne vosgienne. Là se trouvait un très vieux sapin, qui était encore objet de culte pour les derniers païens vosgiens. Colomban et ses compagnons auraient alors accroché leurs lanternes aux branches afin de dessiner une croix lumineuse. Mais cette histoire n’étant pas attestée dans les documents de l’époque, il semblerait que cela tienne plus du légendaire. En revanche, le sapin de Noël est mentionné comme tradition présente dans le Saint-Empire-Romain Germanique au XVIe siècle, la plus vieille archive mentionnant un sapin de Noël à Sélestat en Alsace date de 1521. En effet, de nombreuses pratiques païennes ont largement survécu dans les territoires celtiques et germaniques. Mais il faudra attendre le XIXe siècle pour voir le sapin de Noël sortir des territoires allemands pour se répandre à nouveau dans toute l’Europe.
Pour ne citer qu’un second exemple, la buche de Noël, « lè galeuche dè N’wé » en lorrain, était autrefois une véritable buche de chêne ou de hêtre que toute la famille allait chercher avant de soigneusement la placer dans l’âtre de la cheminée. Cette bûche représentait alors le feu sacré, la lumière de la Terre. Jusqu’au milieu du siècle dernier cette pratique persista, à l’époque on choisissait la plus grosse buche que l’on pouvait trouver car il fallait qu’elle dure pendant toute la veillée de Noël. Une fois dans l’âtre, un membre de la famille venait la bénir. Aujourd’hui, la symbolique n’est plus aussi profonde, c’est juste le bon dessert qui succède au copieux repas de Noël.

Les traditions populaires des siècles derniers
A une époque où il n’y avait pas d’électricité et donc pas d’Internet pas de télévisions, eh bien nos aïeux avaient trouvé de quoi s’occuper pendant les longues nuits d’hiver en attendant la reprise des activités agricoles. Ils se retrouvaient le soir entre amis, familles et voisins pour faire ce que l’on appelait les veillées. Ils se racontaient des histoires, des légendes des fiauves (contes pour rires), puis les hommes allaient jouer aux cartes tandis que les femmes tricotaient ou brodaient au coin du feu. Mais la veillée de Noël était particulière, c’était Noël quand même ! Alors en attendant d’aller à la messe de minuit, on prenait un charbon ardent, le piquait avec une aiguille puis on le suspendait avec un fil à une poutre ou au plafond. Le but du jeu était ensuite de souffle le plus fort dessus afin que la braise de ne s’éteigne pas et se l’envoyaient ainsi les uns vers les autres qui reculaient aussi vite. C’était là un jeu amusant qu’on appelait « souffler le charbon » et qui perdura dans certaines familles jusqu’au lendemain de la seconde guerre mondiale. Selon le folkloriste Roger Wadier cette pratique est propre à la Lorraine, de très rares mentions et bien localisées ont été trouvées en dehors de cette aire géographique.
Au retour de la messe de minuit on allait ensuite manger le « brûlot », c’est des morceaux de sucre que l’on empilait et arrosait d’eau vie avant d’y mettre le feu pour la dégustation.

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Photos et texte :
Jean-Michaël CHOSEROT
Sources / bibliogrphie :
SAUVÉ Léopold-François, Le Folk-lore des Hautes-Vosges, [1888], réédité dans la Série « Les littératures populaires de toutes les nations », tome XXIX, G.P. Misonneuve &Larose Editeurs, Paris, 1967, 416 p. Et présenté par FISCHER Gérard et Marie-Thérèse, Floklore des Vosges, sorcellerie, croyances et coutumes populaires, Editions Jean-Pierre Gyss, 1984, 242 p.
WADIER, Roger. Conteurs au Pays de Jeanne d’Arc, Le merveilleux en Lorraine, « Souffler le charbon. Le brûlot » p. 136, « La bûche de Noël » p. 401. Imprimerie de la Plaine des Vosges (Mirecourt, France), 1985, 487 p.
WADIER, Roger. Noëls Lorrains, des Avents à la Chandeleur. Édition Pierron, (Sarreguemines, France), 2000, 268 p.
ELY, Richard. Le Grand Livre des Esprits de Noël, Fées, elfes, lutins, fantômes et autres créatures magiques de l’hiver. Édition Vega, 2020, 159 p.
Alaudan. Les fêtes celtiques. [En ligne], Druidisme dans les Vosges, Lorraine, consulté le 18/06/2021. Disponible sur : http://www.vogesos.fr/152450404.
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